LA coopérative Aquafarm lance la production industrielle d’alevins et de poissons de table malgré les obstacles.
NOUS sommes à Mfou, une commune située dans le département de la Mefou et Afamba. Sur l’axe bitumé, une plaque renseigne et indique : « Aquafarm Scoop, ferme piscicole ».
En suivant la piste en terre qu’indique la flèche, c’est la brousse de part et d’autre. Sur une distance de près d’un kilomètre, quelques bâtiments dispersés sont visibles.
Le reste de l’environnement est dominé par des champs et des espaces non exploités. Dans cette broussaille, un bâtiment bien qu’étant à l’étape de finition, affiche déjà fière allure. De loin, un château d’eau est visible. Le système de sécurité attire l’attention.
Une barrière, des caméras de surveillance. A l’intérieure, comme au bord d’un ruisseau, c’est le bruit des eaux qui domine. Il se développe ici, une unité de production du poisson chat.
Cinq jeunes organisés en société coopérative simplifiée, mettent en œuvre un projet porté par Louis Charles Meka.
Leur objectif, résorber le déficit d’alevins et de poissons de table dans la ville de Yaoundé et environs.
60.000 alevins en deux mois
Ce bâtiment construit sur 500m2 comporte un grand espace consacré à la production. L’accès est interdit à toute autre personne que les techniciens et ingénieurs, qui peuvent néanmoins y amener des visiteurs.
Pour la sécurité des alevins, les visiteurs en entrant, portent des chaussures fournies par l’équipe. A l’intérieure, l’on se désinfecte d’abord les mains.
Dans cette petite industrie, l’on trouve 24 bacs d’élevage en bois recouvert de bâche, un système de fourniture, d’assainissement, de distribution et d’évacuation des eaux. Cet arsenal permet de produire en circuit fermé, environ 60.000 alevins en deux mois.
Il permet aussi de produire en circuit ouvert du poisson de table allant jusqu’à 3kg en 6 mois et plus. Le processus de production se fait en trois unités : « l’écloserie consacrée à l’éclosion des larves, l’unité de suivi larvaire et l’unité de pré-grossissement et de grossissement », précise l’ingénieur principal issu du partenaire Aqua world.
Pour la phase expérimentale en cours, l’équipe a acquis des alevins et des poissons reproducteurs de 3kg. Les alevins et poissons de tables sont destinés à la vente.
Selon l’ingénieur, « nous vendons les poissons après trois mois lorsqu’ils ont déjà 500g. Nous engraissons 10 mille poissons ici, le reste nous le vendons étant petit ».
Un caillou dans la chaussure
Cependant, nombreux sont des obstacles qui freinent l’évolution du projet. Il s’agit entre autres des problèmes d’électricité.
Selon le promoteur Louis Charles Meka, « le courant électrique ici est de faible tension quand il est là. En plus de cela, il y a délestage à tout moment ». Pour pallier cette carence, il a acquis un générateur de 10 000 KVA.
En outre, le jeune de 30 ans signale des lenteurs administratives. A titre d’exemple, l’obtention du titre foncier. « J’attends le morcellement depuis quatre mois déjà, ce n’est pas encore sorti ».
A cela s’ajoute la mortalité des poissons liée à la qualité de l’eau, dont le traitement des carences coûte cher.
Malgré ces difficultés, Aquafarm entend nourrir la population du Cameroun et sortir des jeunes du chômage