Franck Maxime MOANTAMB, Doctorant en Droit Public
L’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC) au Cameroun, a contribué de manière significative à l’éclosion à certains égards, d’un certain nombre de dérives sociales tributaires de leur utilisation par les usagers.
Il en est ainsi de la cybercriminalité, entendue de manière laconique comme l’usage pernicieux des TIC à des fins nocives à la société. Autrement dit, il s’agit des moyens humains et numériques mis en œuvre à travers les plateformes de l’information et de la communication pour causer des préjudices aux usagers.
Cet état de chose a pris des proportions considérables au point de ne pas laisser indifférent les pouvoirs publics camerounais notamment le législateur, lequel en a fait l’objet d’une réglementation à l’effet de lutter contre ce fléau de l’heure, par l’entremise de la loi no 2010/012 du 21 décembre 2010, qui fixe « le cadre de sécurité des réseaux de communications électroniques et des systèmes d’information, définit et réprime les infractions liées à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication ».
Dans ce registre, les activités liées à la cybercriminalité peuvent donc être des actes de piraterie en ligne, l’usage de faux notamment en ce qui concerne la conception des comptes d’utilisateurs des réseaux sociaux et la propagation de fausses nouvelles pour ne citer que ceux-là. À l’observation des faits, Cet ensemble d’infractions génère des incidences négatives dans le quotidien des populations camerounaises à divers niveaux.
Relativement aux actes de piraterie en ligne, force est de constater leur dangerosité au regard de leurs incidences négatives sur les personnes et les biens. En effet, la piraterie dans le cas d’espèce s’avère être un obstacle à l’essor de l’économie numérique qui est aujourd’hui au Cameroun un secteur d’activité important en matière de production des biens et services et par ricochet de croissance économique, c’est à dire d’amélioration des conditions sociales des populations.
En effet, l’économie numérique participe à travers ses vertus que sont entre autres la célérité, la traçabilité des transactions et l’harmonisation des flux des personnes, des biens et services, à l’augmentation de la production dans un pays, source de croissance économique. Quand on sait que cette dernière participe à certains égards au processus d’émergence tel que porté par la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 ( SND- 30 ) au Cameroun, la cybercriminalité s’érige ici comme un obstacle dans sa mise en œuvre.
En guise d’illustration, l’on peut relever les nombreux actes de piraterie des mécanismes de paiement mobile tels que organe money et MTN mobile Money qui représentent des outils au service de la production des services notamment.
Quant au second aspect, la cybercriminalité peut être source de malaise social du fait de sa connexité avec d’autres situations similaires. C’est dans ce sens que les cybercriminels peuvent associer à leurs méthodes, l’usage des TIC pour effectuer leurs sales besognes. Il en serait ainsi dans l’affaire du médecin enlevée le 07 avril 2022 à Douala, nommée Dr Dissongo Joki Olivia, laquelle se serait faite enrôlée dans une offre fallacieuse de travail publiée sur internet et débouchant sur son enlèvement.
Dans la même logique, les incidences négatives de la cybercriminalité peuvent également s’analyser à l’aune de la sociopolitique au Cameroun. En effet, le constat participe d’un foisonnement sur les réseaux sociaux, des discours haineux et incitatifs à la violence, véhiculés par des individus malintentionnés qui auraient pour ambition de susciter et créer climat de discorde entre la population et les pouvoirs publics camerounais.
Cependant, les pouvoirs publics camerounais ont pris la juste mesure de la situation depuis sa genèse et accentuent au fil du temps la répression de ces actes de criminalité. Ces mécanismes peuvent S’appréhender en termes de moyens préventifs et des moyens répressifs proprement dits.
Dans le premier paradigme, qui nous intéresse à plus d’un titre, la prévention des pouvoirs publics en matière de lutte contre la cybercriminalité s’envisage autour de la sensibilisation au sein des instances de socialisation telles que les écoles et les partis politiques sur les vertus et les dérives liées à la cybercriminalité. Voilà pourquoi le Président de la République Son Excellence Paul Biya rappelait le 10 février 2018 dans son discours à la jeunesse, à être « des internautes patriotes et non des followers passifs, encore moins des relais naïfs des pourfendeurs de la république ».
Cette prévention pourrait davantage être consolidée en suggérant aux collectivités territoriales décentralisées notamment les communes et les régions, d’aménager dans leurs communautés respectives des plates-formes de sensibilisation permanente des populations locales sur les dangers de la cybercriminalité.
Parce qu’il faut le dire, les individus sont victimes de ces dérives en majeure partie parce qu’ils ne sont pas suffisamment informés sur les enjeux y relatifs. Le volet communication deviendrait donc ici la clé de voûte de la prévention contre la cybercriminalité aussi bien au niveau national que local. Il serait donc important de susciter au sein des élus locaux davantage d’initiatives en vue de juguler ces pesanteurs suivant les principes de l’administration de proximité et de la bonne gouvernance au niveau local.
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