C’est des 1947 que Georges kyriakides, le concepteur et réalisateur de ce lac ; rêve de transformer ce qui était alors connu comme « la vallée du plateau Atemengue ».
En plan d’eau pouvant servir à la détente d’une certaine catégorie d’habitants de Yaoundé. Mais il faut dire que la motivation profonde de la création de ce lac était tout autre.
En 1951, Georges Kyriakides ayant reçu de M. Alexandrakis grand industriel et propriétaire des savonneries « palmolina » installées à Otélé, un bateau hors-bord de marque « saever » de cinq mètres de long équipé d’un moteur de 40 chevaux, il se posait pour lui dès lors un problème de son utilisation dans une localité comme Yaoundé ; son lieu de résidence, dépourvue de plan d’eau.
Le 14 juillet 1951, le nouveau propriétaire du hors-bord tenta de persuader les autorités françaises, dont le chef de région et son commissaire dont il fréquentait assidument la fille, de se rendre à Mbalmayo, pour une promenade fluviale sur le Nyong et des parties de pêches de « Kanga », le célèbre et délicieux poisson que l’on trouve dans les eaux de ce fleuve. Le jeune commerçant essuya un refus catégorique de la part de ses interlocuteurs.
C’est alors que lui vint l’idée plutôt originale de créer, à Yaoundé, un lac pour y faire naviguer son bateau et, au passage, impressionner davantage sa dulcinée que ses parents, trop stricts, ne voulaient pas libérer pour des promenades romantiques sur le Nyong. Après quelques hésitations, l’emplacement idéal fut décelé et accepté le 15 juillet 1951.
Par M. Christol qui était à cette époque le maire de Yaoundé. L’on eut alors recours aux services d’une quarantaine de prisonniers, mis à la disposition de M. Kyriakides, à sa demande, pour effectuer le pénible travail de creusage du lac.
A toute cette population carcérale, ainsi qu’à leurs chefs et encadreurs, le promoteur du projet avait l’obligation de fournir quotidiennement du pain et des sardines achetées à la boulangerie de jean Caramvalis, qui n’existe plus aujourd’hui.
Après de nombreuses difficultés techniques, le lac commença à prendre véritablement forme au début de l’année 1952. L’on doubla alors les effectifs de la main d’œuvre carcérale pour accélérer le rythme des travaux. En outre, régulièrement, des passants offraient gratuitement leurs services en se servant de leurs propres coupecoupes (machettes) pour faire avancer ce vaste chantier.
Telles étaient les mentalités des Yaoundéens a cette époque. C’est en avril 1952 au prix d’efforts gigantesques, les travaux du lac étaient achevés et Georges Kyriakides pouvait désormais utiliser l’endroit comme espace de plaisance.
Le hors-bord de Georges y flotta pour la première fois en septembre 1952, au grand émerveillement de sa copine d’abord et bien sûr, de celui des promeneurs des bords du lac par la suite.
Il convient de rappeler qu’au vu de la situation géographique de la ville, loin de la mer ou des grands fleuves, beaucoup d’habitants de Yaoundé n’avaient jamais vu de bateau naviguer sur l’eau de leur vie.
Telle est l’histoire fabuleuse du « Lac Municipal » de Yaoundé qui depuis plus de 59 ans fait partie du paysage urbain de la ville, sans que nous n’en sachions, jusqu’à ce moment, ni les origines moins encore le nom et les motivations profondes de son promoteur.
Par Esther NGO NGWE
Source 237campus.com
Cours de préparations pour le concours de l’ESSTIC 2022 ou de l’IRIC 2022 avec IRIC-ESSTIC PLUS- 699089937- 677932102