Le monde célèbre ce lundi 11 janvier 2021, la journée mondiale du merci. Sa célébration ne fait pas écho dans la société, au moment où l’ingratitude s’installe en maitre dans cet environnement.
« Merci ! » Un mot banal mais plein de sens et de pouvoir. Un pouvoir qui s’exprime au niveau mondiale, du moment où la planète est appelée à le célébrer.
La journée mondiale du merci remet au goût du jour la légèreté dans l’usage du mot, ou alors l’ingratitude sociale qui accompagne les conversations ou les services rendus, par exemple.
Dans le milieu estudiantin, le mot semble laisser la place à l’ingratitude où il faut quémander le mot magique.
« Les gens utilisent peu le mot merci dans leur conversation. C’est devenu que tu es obligé de supplier pour qu’on te le dise. Dès que la personne obtient ce qu’elle voulait, c’est fini, même pas un merci », témoigne la journaliste Aïssatou Abdouraman.
Elle ajoute qu’il est important et essentiel de dire merci même si c’est à un petit enfant.
C’est peut-être la raison pour laquelle Carlos, un boutiquier au quartier Ngoa-Ekellé à Yaoundé, est souvent étonné lorsque son client habituel Moussa lui adresse à chaque fois des remerciements après avoir acheté un pain.
« Moi je sais que les gens chiffonnent les boutiquiers ici à Yaoundé. On leur donne des ordres en vertu de l’argent que l’on va payer en contrepartie. Et le plus souvent, c’est le boutiquier qui doit dire merci pour gagner la confiance de son client », expose Carlos tout en faisant mention que « c’est une question d’éducation ».
Une éducation qui impose le respect des parents, des enseignants, etc. Bref, la reconnaissance envers autrui. « Merci exprime de la politesse et de l’attention. Par contre lorsqu’on dit être à la merci de quelqu’un, c’est comme si on était son esclave », confie Nicole Voulania.
Des déclinaisons qui mettent en exergue le caractère épicène du mot merci, c’est-à-dire il peut être employé à la fois au masculin et au féminin.
Aujourd’hui, c’est tout le contraire qui a cours dans la société. Le respect des parents a foutu le camp, laissant place à la désobéissance, au mépris et tout autre comportement amoral.
Dire merci à ses parents est un geste de reconnaissance qui permet d’honorer l’effort de ceux-ci dans notre existence et dans notre conduite dont ils sont des artisans.
Manque de gratitude
Entre l’étudiant et l’enseignant, la gratitude est une quête permanente et l’ingratitude est observable. Après la formation par exemple, ceux qui reviennent dire merci à leurs enseignants sont comptés au bout des doigts.
D’ailleurs certains considèrent que chacun a un devoir envers l’autre et que le remerciement pourrait être assimilé à un service rendu gratuitement.
Si certains soutiennent que très peu d’étudiants reviennent remercier leurs enseignants après le succès, d’autres par contre avancent des arguments vindicatifs, brandissant des souvenirs mornes.
Oubliant ainsi que certains de ces enseignants ont été gentils avec eux et donc méritent des gratitudes.
Il se trouve que lorsqu’on exprime sa gratitude envers les autres, on crée un état émotionnel positif qui aide à faire face au stress.
En ces temps troublés où chacun a tendance à marcher caché derrière son masque et en se méfiant du contaminateur potentiel, une journée mondiale peut révéler toute sa nécessité.
Historicité
Dans les langues, le mot « merci » est représenté. « Thanks » en anglais, « danke » en allemand ou « gracias » en espagnol.
Au Cameroun, il s’impose aussi en langues locales pour traduire des remerciements : « ousseko » en fulfulde, « baanickyo » en dowayo, « abu ngan » en beti, « mè nsoma » en bassa, « gandebé » en moundang, etc.
Le Cameroun étant une Afrique en miniature, ce mot peut être prononcé dans environ 300 langues.
Selon certaines sources, la journée mondiale du « merci » aurait été inventée par des employés zélés, pour augmenter les ventes de leur enseigne de cartes postales.
Au fil du temps, le mot s’est imposé dans le langage et cette marque de gratitude a permis de marquer toute l’attention qui nous est accordée et que nous accordons aux autres. Ainsi, on peut dire merci pour soi-même, pour les autres et pour le plaisir.